L'hypnose Ericksonienne
Avant Milton Hyland Erickson, les hypnotiseurs utilisaient des formulations directes pour suggérer la résolution d’un problème. Les suggestions étaient majoritairement directives et sous-tendaient un rapport d’autorité, de force, une « position haute » du praticien.
Ce type d’hypnose autoritaire peut, malgré tout, être efficace avec certains profils de personnes et pour certains troubles. Cependant, elle est inefficace, voire même contre-productive, avec la plupart des situations et des personnalités.
Depuis Erickson, la personne accéde à ses propres ressources, lui permettant de trouver elle-même ses propres solutions, d’une manière plus intégrative, spontanée et naturelle.
Principes de l'hypnose ericksonienne
Elle repose sur une écoute active de la personne, une observation et une curiosité profondes. L’hypnose ericksonienne est une pratique avant tout humaniste.
Pour M. Erickson, « L’hypnose c’est la relation pleine de vie qui a lieu dans une personne, et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne ».
Depuis Erickson, l’hypnose permet, avant tout, au patient d’accéder à ses propres ressources, un potentiel souvent inexploité ou utilisé dans des contextes autres que celui posant problème. Ce n’est plus le thérapeute qui « impose » ses solutions mais le patient qui révèlent les siennes.
L’hypnose est ainsi devenue « utilisationnelle » : on utilise ce qu’apporte la personne, tant dans sa personnalité, ses valeurs, sa vision du monde, que dans son langage verbal et non-verbal.
Pour Erickson, l‘inconscient est constitué d’une réserve de ressources, d’un potentiel à révéler, et à lier à une situation posant problème. Ce concept de « ressources inexploitées » correspond aux capacités innées et acquises, d’adaptation et de changement, d’une personne. Un pouvoir d’action inconscient et inaccessible par la simple volonté qui permettra une mise en place de nouvelles stratégies d’adaptation aux situations problématiques (coping).
Erickson va développer une position « basse », permissive, mais à la fois directive : Un savant mélange d’instructions (demandes faites à la volonté, la conscience) et de suggestions indirectes (qui s’adressent aux automatismes, aux ressources et à l’inconscient). Les formulations deviennent ainsi plus « permissives » (suggestions indirectes), tout en favorisant l’engagement (instructions données, questions posées lors de la transe). Le patient devient ainsi acteur de son changement : la mise en place du changement vient désormais de lui, et non plus de l’hypnothérapeute.
Le changement est désormais possible grâce à la transe, à la relation avec l’hypnotiseur, et par l’accès par la personne à ses propres ressources.
La transe Hypnotique
Simple état modifié de conscience pour certains, et état amplifié de conscience pour d’autres, cet état permet de révéler et d’accéder à la créativité d’une personne, à ses capacités adaptatives et sa flexibilité. Cet état, loin des capacités limités de la conscience et de la volonté, permet de dépasser les limites du mental, ouvrant ainsi le champ des possibles à de nouvelles solutions.
Pour Stephan Gilligan, élève de Milton Erickson et créateur de l’hypnose générative, lors de la transe hypnotique, « il n’est pas question de s’endormir mais plutôt de s’éveiller vers un type de conscience créatrice plus profonde ».
La mise en transe d’une personne se fait par ce que l’on nomme « induction » : Des instructions (données à la volonté), liées à des ratifications (verbalisation des phénomènes en cours et encouragements pour favoriser le sentiment de compétence), mais également liées à des suggestions (formulations s’adressant aux automatismes inconscient), permettront à la personne de passer d’un état d’éveil ordinaire à cet état modifié de conscience (EMC).
Tout comme la phase de travail thérapeutique, l’approche inductive de Milton H. Erickson est une pratique « sur-mesure », « utilisationnelle », dédiée, ajustée et adaptée aux spécificités de la personne.
Nombreux sont les praticiens en hypnose qui utilisent des scripts lors de leurs débuts mais l’hypnose est, je le répète, avant tout utilisationnelle. Une formation adéquate et une exploration du champ des possibles restent garant d’un bon hypnotiseur.
Indice de la transe
Il n’y a pas réellement de signes spécifiques. Ces signes correspondent à un ensemble de possibilités qui peuvent se rencontrer dans de nombreuses situations de la vie quotidienne. De plus, ces manifestations sont relatives et varient d’une personne à une autre (voire même d’une séance à une autre, pour une même personne).
Cependant, nous pouvons citer :
- La suggestibilité ;
- Un relâchement musculaire corporel, facial,
- Le ralentissement ou l’inhibition des mouvements volontaires ;
- Une modification du timbre de la voix ;
- Le littéralisme ;
- Une respiration plus profonde ;
- La dissociation ;
- L’hallucination ;
- La fluidité des processus d’imagination;
- La catalepsie ;
- La lévitation d’un bras ;
- Des mouvements idéomoteurs ;
- Un changement de la couleur de peau ;
- La relaxation ;
- Le somnambulisme ;
- Des phénomènes de déglutition et des mouvements de paupières,
- Les altérations sensorielles ;
- La distorsion du temps ;
- L’amnésie post-hypnotique ;
- L’hypermnésie
Chacun de ces signes peut avoir une utilité thérapeutique mais tout le monde ne pourra pas développer tout ces phénomènes. Chaque expérience est unique et il est parfois possible de développer de nouveaux phénomènes par apprentissage (répétition d’états hypnotiques).